« UN SOL VIVANT PEUT STOCKER JUSQU’À 500 KG DE CARBONE PAR HECTARE ET PAR AN », Terre-net Média



L'agriculture est souvent pointée du doigt dans les problèmes environnementaux mais elle pourrait être LA SOLUTION !

 

Grâce à l'agro-foresterie (réintroduction des arbres dans l'agriculture), nos fermiers d'aujourd'hui seront peut-être les héros de demain.

 

En effet, on le sait peu, la réhabilitation des terres agricoles dégradée par une agriculture trop intensive, peut constituer un excellent puits carbone, tout comme l'est la plantation d'arbres.

 

Ce sont les hyphes des champignons mycorhiziens (aérobie) présents dans la rizosphère (zone des racines des plantes) des terres arables qui capturent rapidement le CO2 et le fixent dans le sol. De plus, ils qui permettent de structurer le sol et de l'aérer. Et donc de le garder bien perméable à l'eau et de recharger ainsi les nappes phréatiques et aquifères.

 

Ils ont donc aussi un rôle majeur dans le cycle de l'eau et dans le stress hydrique que nous commençons à connaître chaque été.

 

Mais le seul moyen d'y arriver à ce résultat, c'est de prendre soin des micro-organismes (bactéries, champignons et leurs prédateurs les protozoïres et nématodes) qui se trouvent dans cet écosystème et qui interagissent entre-eux et ainsi qu'avec les plantes. Il s'agit du microbiote du sol qui joue, sur certains points, le même rôle que celui de l'homme.

 

 

Plus il y a de micro-organismes aérobies dans le sol (en nombre et en variétés d'espèces), plus le sol est vivant et plus il est fertile ! 

 

 

 

 

Les plantes ne sont pas capables d'assimiler en direct les minéraux présents naturellement dans la terre. Ce sont les déjections des micro-organismes qui rendent les minéraux biodisponibles pour les plantes.  En quelque sorte, ils jouent le rôle de système digestif.

 

Dans la nature sauvage, il y a une étroite collaboration entre le microbiote du sol et les plantes. Car celles-ci offrent aux micro-organismes des "bonus" de nourriture via des substances (exsudats) secrétées par les racines.

Selon ses besoins nutritionnels du moment, la plante produira les exsudats adéquats pour attirer le genre d'organisme qui lui fournira le nutriment dont elle a besoin.

 

les risques de l'agriculture conventionnelle

 

Il y a trois axes via lesquels les pratiques culturales conventionnelles menacent la vie des sols :

 

1-L'usage des engrais et pesticides. Tous les engrais minéraux sont des sels. Dans l'eau ils se dissocient en ions et monopolisent l'eau, tuant les micro-organismes par déshydratation. 100 kg par hectare suffisent pour décimer les 4 groupes de micro-organismes responsables pour l'alimentation de la plante: les bactéries, champignons, protozoaires et nématodes.

Les pesticides, quand à eux, sont directement toxiques pour les micro-organismes, même à faible dose. Ils sont non-sélectifs: ils détruisent aussi bien les maladies que les organismes aérobies dont la plante a besoin pour pouvoir se nourrir et se protéger des maladies

 

2- Le labour répétitif et machinal qui détruit les micro-organismes à une vitesse et avec une efficacité remarquable. Les hyphes sont broyées et ne peuvent se régénérer, et si, par chance, le champignon a réussi à former des spores, les spores germées se feront broyer dès le prochain labour. La présence des champignons disparaît ainsi très vite, et nos champs conventionnels en Belgique n'en présentent plus la moindre trace. Il ne reste que les bactéries suite au labour. La disparition des champignons, protozoaires et nématodes signifie la perte d'une bonne structure aérée du sol, et l'apparition d'un sol tassé. Tassage, manque d'air, manque d'eau, voici les conditions idéales pour les organismes néfastes aux plantes: les micro-organismes anaérobiques et facultatifs anaérobiques. Ils ont le champ libre, et sont porteurs de maladies ou produisent des métabolites qui détruisent les racines des plantes.

 

3- L'érosion consécutive à la mise à nu des sols durant l'hiver conjugué aux pluies torrentielles provoquant le ruissellement de l'humus vers les caniveaux. La mise à nu des sols exposés aux rayons du soleil et au vent est délétère pour le microbiote. L'érosion consécutive à la mise à nu des sols durant l'hiver conjugué aux pluies torrentielles provoquant la perte du sol contenant le réseau alimentaire du sol, système de protection de la plante et mécanisme de construction de structure du sol. Le battement de la pluie sur un sol nu est le principal facteur responsable du tassement des sols, et participe donc à la disparition des espèces aérobiques de micro-organismes, essentielles pour nos cultures.

Après de tels traitements le sol ne contient plus les alliés de la plante, pour son alimentation et sa protection contre les maladies, ainsi que pour assurer une bonne structure du sol. 

 

A un certain stade de dégradation, plus rien ne peut pousser dans un champ conventionnel sans l'intervention de la main chimique. Les plantes sont alors nourries artificiellement par du NPK. Et ce qui pousse est en mauvaise santé. 

Il faudra les réintroduire sous forme de compost ou thé de compost aéré et riche en espèces bénéfiques de bactéries, champignons, protozoaires et nématodes. 

 

Notons au passage qu'avec la déforestation (donc l'absence de racines le long desquelles l'eau peut cheminer) et l'urbanisation à outrance, la dégradation des sols (donc la mort des micro-organismes qui décompactent les sols) ne permet plus à l'eau de percoler et de recharger les nappes aquifères, source idéale de notre eau potable puisqu'elle y est naturellement filtrée. 

À cause de ces techniques culturales, les pluies désormais diluviennes ruissellent directement vers les rivières, sans passer par les nappes (= notre stock d'eau pour l'été), provoquant en plus de l'érosion, la pollution des cours d'eau chargés des intrants répandus sur les champs. 

Et toute l'eau qui n'est pas dans les nappes aquifères, reste par conséquent, en surface et dans les cours d'eau. Elle s'évaporera quand il fera chaud et  deviendra de gros nuages, fins prêts pour la prochaine inondation. 

 

À gauche terre non cultivée avec stockage de CO2
À gauche terre non cultivée avec stockage de CO2

la réponse de l'agro-foresterie

 

L'agro-foresterie (ou la permaculture) est la seule pratique agricole capable de maintenir la fertilité des sols de façon pérenne, sans intrant chimique. Elle se propose d'observer l'intelligence de la nature et de faire coller l'agriculture au plus près de cette observation.

 

Elle invite à réintroduire des arbres dans nos campagnes, à recréer des haies et des bocages et à cultiver sur des plus petites parcelles. Elle permet de prendre soin des micro-organismes.

 

Voici les grands principes de la culture sur sol vivant :

1- Plus d'usage d'engrais (même bio ou organique) ni de pesticide qui détruisent le microbiote.  Dans le cadre du réhabilitation des terres dégradées, l'usage de compost ou de thé de compost (selon une recette bien précise) seront conseillés.

2-Il n'y a pas de labour autre que le fait de décompacter la terre superficiellement (par ex, au moyen d'une grelinette) mais les couches et les organismes qu'elles contiennent restent à leur juste place.

3- le sol n'est JAMAIS laissé à nu. Quand il n'est pas cultivé, il sera couvert soit avec du mulch, brf (bois raméal fragmenté), paille, cartons soit, ce qui est mieux, par des engrais verts. Des semis de certaines variétés (céréales) sur prairie permanente sont même envisagés.

 

Les maladies et ravageurs sont combattus par la plus grande biodiversité possible. A contrario des monocultures, la biodiversité renforce l'immunité des plantes. Des purins de plantes peuvent éventuellement être utilisés.

 

 

Si on laisse la nature faire son travail toute seule, les intrants sont superflus car tout le vivant coopère en bonne intelligence dans le sens de la prospérité.

Et tant que ces principes sont respectés, les terres redeviendront naturellement fertiles pour des milliers d'années comme au premier jour...En plus des bénéfices de la séquestration carbone et du cycle de l'eau.

 

En résumé, la préservation de la vie des sol implique la fin de tout type de labour répétitif, aucun intrant chimique, une couverture permanente du sol par mulchage, ou idéalement un couvert permanent, afin d'apporter de la matière organique à tout ce petit monde microscopique sous nos pieds, qui travaille pour maintenir nos plantes en bonne santé. Et ainsi NOUS maintenir nous-mêmes en bonne santé!

 

L'asbl "académie des sols vivants" de Corbais (créée par Alain Peeters) dispense des formations de grande qualité autour de cette thématique, de même qu'autour de la résilience agricole face aux sécheresses. Des suivis de cultures en conversion sont possibles via l'équipe de RHEA-environnement.org